Après avoir remarqué que j'étais donc définitivement dans une sorte de jeu virtuel mais à la fois réel car nos vies étaient véritablement en jeu, j'avais visité les lieux aux alentours pour avoir une opinion personnelle des choses.

« Un monde réel incorporé dans un monde fictif. Quelle ironie. Quelle utopie. »

Oui, car cela était destiné, si je prenais mon exemple, aux fanatiques incontestés de Pokémon, logiquement, donc on devrait être heureux mais non, notre vie est en jeu, donc nous devions passer une sorte de test ? Qui était le meilleur et plus grand fan ?

Je me disais bonne avec peu de lacunes, mais on en apprenait tous les jours, et avec un pokémon bas niveau, je n'étais pas parmi les meilleurs, c'était une certitude.

Alors il me fallait récolter des informations, d'une manière ou d'une autre. Dans mon ancienne vie -était-il correct de le dire ainsi ?-, les personnes parlaient aisément durant les massages, souvent, on se lâchait pendant que je les détendais. Une sorte de vide-tiroir involontaire. J'entrepris de reprendre cette activité rapidement, j'avais donc ouvert un salon de massage peu coûteux, je comprenais que les nouveaux n'avaient pas spécialement d'argent. J'étais seulement seule cette fois-ci, je n'avais pas de salariés, ou de collègues ; seule.

Armée de ma robe cérémonielle trahissant mes origines japonaises, mes cheveux relâchés avec deux couettes, deux petites roses pour faire le nœud, j'accueillis alors mon rendez-vous de l'après-midi, je fis une révérence gracieuse.

« Ohayo gozaimasu. Je suis Hitei Ucha, votre masseuse. Suivez-moi. »

Je marchai alors pour aller dans une salle plus privée, évitant les mauvais regards, pour lui montrer la table en question. Dans la pièce, le nécessaire pour le massage, allant des aiguilles aux huiles différentes. J'avais tout rassemblé et chanceuse d'avoir tout cela.

Quant à son corps, le jeune homme semblait apprécier le montrer, je ne faisais alors que sourire.

Ses réponses gorgées de drague, ses idées certainement remplies d'indécence, que croyait-il ? Que j'étais une prostituée de luxe ? Certainement pas.

Il s'assit avant de poser des questions logiques, je souris alors.

« Vous laisser faire afin que je détende tout votre corps. Vous semblez avoir fait de grands efforts. Commencez par vous armer d'une serviette, une cabine de changement se situe à la salle adjacente. »

Je tendis la serviette en question.

« Comment je fonctionne ? Qu'entendez-vous par le biais de cette question ? »

Parlait-il de ce que je comptais faire ? De la méthode de paiement ? D'autre chose ? En attendant qu'il se changeât, je pris une huile avant de la poser sur une petite table à côté de la table de massage, je joignis alors mes mains sur ma robe pour attendre le jeune homme, un petit sourire aux lèvres.

Je ne faisais qu'appliquer les formalités des lieux de massage, enfin, je transmettais mes dons de massage aux personnes dans le besoin, et j'avais remarqué ses efforts, visibles aisément.

Les compliments m'allèrent droit au cœur et je fis une révérence gracieuse.

« Je vous remercie de tous ces compliments, et je suis ravie qu'on parle de moi ainsi. Mais je n'oserai jamais dire que je suis la meilleure, il y a probablement mieux que moi. Je ne suis pas chère, ou du moins, je l'estime ainsi. Je vais masser principalement les zones qui ont été sollicitées ces derniers jours afin de vous détendre un maximum. Je ferai le reste pour qu'il ne soit pas jaloux. »

Dis-je dans un rire presque noble, ma main sur mes lèvres.

« Installez-vous, ça a bien été fait pour cela. »

Dis-je en tendant ma main vers la table.

« Sur le ventre, je vous demanderai donc de me dire quels ont été les membres qui ont le plus travaillé ? Et où étiez-vous donc pour être aussi demandant de massages ? Si vous me le permettez. »

Jouer la politesse, la femme un peu candide et curieuse ; tout ceci pour avoir un maximum d'informations pour mon propre profit. J'eus un sourire tendre et sincère. J'étais là pour faire mon métier, mais aussi m'informer, comme toujours. Je gagnai en donnant de mes dons, financièrement comme de manière influente. On disait déjà de moi que j'étais bonne ? Ça n'allait pas s'estomper.

Ses gestes trahissaient encore une volonté de m'impressionner, s'il savait le nombre de personnes qui avaient tenté de le faire, autant hommes que femmes, afin d'avoir mon corps ou avoir des rabais ; malheureusement personne n'avait réussi et ce n'était pas parce-que nous étions dans un monde virtuel, que la donne allait changer.

Je hochai la tête et à la mention des jambes, je m'y dirigeai, appliquant l'huile sur mes mains avant de délicatement masser la jambe gauche dans des gestes doux, professionnels et agréables, allant lentement du bas vers le haut -sans intention indécente-.

Je l'écoutai en même temps sur son histoire et pris un air surpris puis un regard légèrement triste.

« Quelle mésaventure. Vous aventurer aussi profondément dans un labyrinthe inconnu, vous n'êtes pas quelqu'un qui a froid aux yeux, je puis vous l'accorder. Je ne vous connais pas assez pour oser dire si c'est la chance ou votre expertise de terrain et/ou de combat qui vous a sauvés vous et votre pokémon. Et quels étaient donc ces trois dragons pour s'être autant emballés à votre venue ? »

Mes mains finirent la première jambe pour venir s'attaquer à la deuxième après avoir remis un peu d'huile de massage.

« Vous savez, j'ai le secret professionnel. Bon nombre de personnes m'ont contée leurs histoires, et personne d'autre ne le sait. Ce que vous racontez dans cette salle reste entre vous et moi, je vous en fais la promesse. »

Petite partie pour rassurer, et non, je n'étais pas du genre à dire ce genre d'informations. Et puis, qui s'intéressait à un aventurier comme lui ? Sauf s'il avait des ennemis mais c'était une toute autre histoire.

Il avait l'air d'avoir un fort caractère mais pas au point de se faire des ennemis, sauf si ces derniers se prenaient la tête pour rien.

Défaut imminent ; trop parler. Les longues discussions trahissaient soit une vie solitaire soit un mensonge déformé. Il essayait de se mettre en valeur. Mais je n'allais pas lui en vouloir, qui dirait calmement « Oh je me suis fait avoir, j'ai pris la confiance, j'allais mourir, j'ai survécu de peu et me voilà » ? Personne. Sauf les personnes trop honnêtes. Mais le fil de son histoire semblait vrai donc je n'allais rien dire.

« Effectivement, deux Drakarmins et un Drattak, ma Wattouat n'aurait pas pu faire grand chose. Donc je comprends tout à fait. »

Dis-je dans un soupir tout en continuant le massage. Je montai alors -en levant mes mains- pour venir masser le bas de son dos dans des mouvements circulaires et lents pour lui procurer un maximum de plaisir.

« Je devrais aussi m'aventurer, pour mieux comprendre notre nouvel environnement. Je suis à la fois excitée car je suis dans un jeu qui a bercé mon enfance, si ce n'est ma vie, et peut-être effrayée car c'est... si soudain... »

Soupirai-je en continuant de masser, ayant bien sûr remis de l'huile.

Quand on apaisait les mœurs, quand on appliquait de la douceur, quand on donnait du plaisir ; les gens se confiaient si aisément. Un regard malicieux me gagna avant de disparaître, et étant dans son dos, je doutai qu'il l'eût vu.

« Merci bien. Et je confirme que oui, sa fourrure est d'une douceur divine. Je n'ai pas caressé grand nombre de fourrures, mais rien ne dépasse la sienne. C'est ironique de se dire qu'elle peut se gorger d'électricité afin de vous envoyer des milliers de volts, si ce n'est plus. »

Dis-je dans un rire amical, léger. Je frottai alors le milieu de son dos, dessinant durant le massage ses côtes -sans le chatouiller- et surtout la colonne vertébrale, zone si fragile mais si importante. Je prenais toutes les précautions, une de mes employées, dans le vrai monde, avait déçu un client car elle mettait peu d'huile ; résultat, il avait fait un scandale avant de demander remboursement car sa peau était irritée.
Je dus répondre affirmatif à ses demandes et bien sûr, virer cette incompétente. Aucun poids mort chez nous.

« Allons, allons, vous me flattez trop. Mais vous m'en voyez parfaitement ravie. »

Et il me proposait ensuite son aide, je n'allais pas refuser.

« Autant je pourrais affirmer et faire la femme fragile mais nous resterons au même niveau, j'entends par là que je n'attendrai pas derrière vous, faible, tremblante. Mais un coup de main sera toujours la bienvenue si je suis en difficulté. Merci infiniment à vous. Vous pourrez rencontrer par ce biais ma Wattouat, Hitsuji. »

Je parlai toujours de ma voix douce et apaisante.

J'eus un agréable rire gêné avant de tout de suite l'arrêter.

« N'abusez pas dans tant d'éloges. Ma Wattouat n'est que niveau 5, elle connaît peu de capacités. Je n'ai pas dit vouloir me mettre en avant et vous époustoufler, juste que je ne souhaite pas me mettre derrière vous et ne rien faire. Ce que j'appelle donc, un travail d'équipe. J'attaque la gauche pendant que vous vous occupez de la droite, je protège vos arrières mais vous protégez mes angles morts. »

Je vins m'occuper intensément de ses épaules et omoplates dans des mouvements circulaires et précis. Je regardais alors et je ne pouvais pas le cacher ; c'était un homme musclé qui avait un passé travailleur, qu'importait le travail en question.

« Pour cela, et nous retrouver, nous échangeons-nous nos numéros ou donnons-nous un rendez-vous ? Je suis toute ouïe et ouverte aux propositions. »

Et un petit bonus, ma main droite vint frotter lentement sa nuque, mon pouce vint se mettre dans le léger trou que nous avions tous sur la nuque et commença de petits mouvements circulaires. C'était un endroit nerveux très utile pour apaiser bon nombre de maux ; surtout au crâne.

J'avais un petit sourire en continuant alors mon massage, quelques minutes et retirer mes mains.

« Souhaitez-vous le devant ou cela vous plaît-il suffisamment ? »

Demandai-je, toujours formelle.

Je fis une révérence en montrant mon approbation.

J'ouvris mon interface pour accepter la demande.

« Nous resterons ainsi en contact. Je n'ai pas besoin d'abuser en disant qu'on n'abuse pas de messages l'autre. »

Quand il se tourna, je remis légèrement de l'huile avant de revenir sur les jambes avec toujours ce fin sourire ; je prenais du plaisir à faire ce métier. Offrir du plaisir aux gens, sans sous-entendu adulte, j'entendais bien.

« Assurément, si je vous pose la question, c'est que je suis apte à le faire. »

Une jambe puis l'autre durant notre discussion.

« C'est une question très subjective, paraissant à double tranchant, mais avez-vous un pokémon en tête que vous voulez absolument obtenir ? Dans le monde réel, nous nous amusions toujours à dire "J'aimerais tellement avoir une Gardevoir". Ce pokémon tant aimé. Magnifique et gracieux... Enfin, et vous ? »

Je finissais doucement la seconde jambe avec toujours autant de professionnalisme.

J'arrivai alors pour aller au-dessus de la serviette, donc m'occuper du torse et des flancs. Les mouvements exercés cherchaient à faire du bien, et avec un doigté habitué et expert tel que le mien, je réussissais à ne pas chatouiller. Même une personne très sensible aux chatouilles ne sentirait rien hormis du plaisir corporel.

« Je vois quel genre de pokémons vous aimez. Peut-être suis-je clichée si je disais que j'appréciais les pokémons mignons ou qui aident. Un Leuphorie pourrait m'aller, Eoko, Pharamp dont je suis pressée de voir ; vous voyez ? »

Je ris légèrement.

« Mais avoir une équipe Dragon derrière soi est efficace et très dissuasif. C'est assez impressionnant en y réfléchissant... mais je ne changerai pas mes goûts premiers. »

Un nouveau petit rire. Mes doigts s'occupaient de son torse entier, et même si les mauvais esprits penseraient à de mauvaises manipulations malsaines de ma part, ils se trompaient. Je restais très professionnelle et n'étais en aucun cas une fille dite facile.