Qui a volé les oranges du marchand ?

Sirotant un petit café bien serré comme tu les aimes, assis sur cette petite chaise en paille, placée dans cette petite cuisine sentant légèrement le vieux, mais de quoi rendre nostalgique, tu patientais sagement que ta mission du jour commence. Il était tôt, cinq heures du matin pour être plus précis, et tu pouvais observer par la fenêtre les matinaux marchands qui s'installaient sur la place juste en face de la petite maison où tu te trouvais. Le petit coucou de l’horloge sonna et cela fit venir Colette, cette adorable madame d’un certain âge qui t’avais accueillie un peu plus tôt en t’offrant ce délicieux café fait maison. Tu fus surpris de la tendresse de cette dame. Vous n’aviez commencé à discuter que depuis une heure et demi, et elle te considérait déjà comme un petit-fils ? Était-ce le programme de l’IA qui lui faisait dire ça si vite ? Pourtant, tu ne pu t’empêcher d’être un peu perturbé en voyant tant de pureté dans son regard.

Le marché allait ouvrir dans quelques minutes sur le Boulevard Marchant. Bien que Colette allait être avec toi quasi toute la journée, c’est toi qui allait devoir gérer son stand de fruits et légumes comme si tu étais le chef. Depuis ton arrivée sur Maze, tu avais eu le temps d'aiguiser un peu plus ton regard quant aux nombreux voleurs qui peuplaient le jeu. Surtout les voleurs de pokémons, c’est pourquoi, tu avais laissé Xīng et Shì dans leurs pokéballs. Seul le petit Sucroquin de Colette était présent, accroché à l’épaule de la vieille dame. Il était 8h30, et les clients matinaux étaient déjà au taquet pour venir acheter leurs courses de la semaine. Pendant un long moment, vous étiez tranquilles avec la dame aux cheveux gris, personne de suspect à l’horizon.

Puis vint un premier cas. Une jeune fille, toute mignonne et guillerette, d'apparence inoffensive, tenta d’abuser de la bonté de Colette.

"- Bonjour madame <3 ! Est-ce que je pourrais avoir deux pommes et un paquet d’orange s’il vous plaît <3 ?
- Bien sûr ma petite ! Tiens, je t’en offre même une troisième.
- Oh super merciiii vous êtes trop gentille madame <3 ! Mais oh… Oh non… J’ai oublié mon porte-monnaie, mince !
- Tu peux aller le chercher chez toi et revenir jeune fille, nous gardons ton sac de côté."

Mais, comme si cette petite était de bonne fois… Alors qu’elle te prit d’abord pour un PNJ, elle t'ignora et commença à faire beaucoup trop les yeux doux et amadoua cette pauvre Colette. Tu commençais à sentir des regards se porter sur la scène. Puis… Tu attrapa la main d’un gamin qui allait chaparder les sac préparé pour la fille. Absolument tout le monde avait vu, mais tout le monde faisait comme si ce n’était pas le cas.  

Alors que le gamin commençait à râler, c’est la fille qui essaya de prendre le sac au vol. Mais pas de bol pour elle, tu avais deux mains. Colette, abasourdie, ne comprit pas dans l’instant cette violence soudaine et te somma de lâcher ses adolescents. Après avoir pris un ton un peu plus ferme, sans être méchant, tu lui expliqua que ces jeunes avaient monté leur coup pour voler la nourriture. Comme ils étaient pris la main dans le sac, ils ont avoué la supercherie. Mais Colette ne voulus rien entendre, et tu fus obligé de laisser les deux gamins partir avec le sac gratuitement… Inspirant et expirant un grand coup, tu essayais d’expliquer la situation à Colette, mais elle fit la sourde oreille.

Pendant plusieurs heures, tu parvint à faire fuir quelques voleurs en t’approchant d’eux comme un gorille et haussant le ton pour leur dire le prix des marchandises qu’ils avaient tenté de voler.

"- Bonjour Monsieur ! C’est 2p$ s’il vous plaît ! Merci ! Bonne journée!"

De quoi en dissuader d’autres lorsqu’ils voyaient les plus téméraires se faire afficher sans que tu n’éveilles les soupçons de Colette. Pourtant, cela ne pouvait plus durer… Pendant la pause du midi, tu allais réexpliquer tant bien que mal à Colette le problème.

"- Écoutez Colette… Si vous m’avez missionné c’est pour justement arrêter tous ces voleurs. Pourquoi donc refusez-vous à chaque fois de voir ses malfrats et vous laissez faire ? Si cela peut vous rassurer, je ne fais que les arrêter dans leur élan afin qu’ils paient la marchandise ou qu’ils partent, je ne vais pas jusqu’à les dénoncer à une quelconque police. *De toute façon, il n’y en a toujours pas officiellement dans ce monde...* Après, vous êtes dépitée de tout ce qu’on vous a dérobé… S’il vous plaît, je vous demande deux choses… Me faire confiance et que vous fassiez plus attention."

Cependant, tu fus rappelé à la réalité des choses, Colette était une PNJ. Certes extrêmement réaliste, mais, elle te répéta la même chose et ne voulait pas comprendre. Bien que cette fois-ci, elle semblait avoir mieux saisi ton intention en adoucissant plus sa voix par rapport à tout à l’heure où elle semblait plus en colère.

Les regards de pitié des passants et des autres marchands envers Colette commençaient vraiment à te peser. Y avait-il encore quelque chose d’autre que ces vols répétitifs ? Tu décidais d’interroger le marchand qui était au stand d’à côté. Un certain M. Lambert, fromager de père en fils proposant de beaux fromages. Tu te plaçais face au fromager de sorte à pouvoir garder tout de même un œil sur le stand de fruits de Colette.

"- L’histoire de cette vieille dame ne s’arrête pas à de simples vols à l’étalage fait par des inconnus."

D’après M. Lambert, il y avait quelque chose de caché dans cette histoire ? Que voulait-il dire ? Tu aurais ta réponse très bientôt… Maintenant même.

Un homme, plutôt grand, jeune, portant des lunettes et ayant une apparence un peu chic bling-bling se présenta devant Colette. Il l’a regarda de haut et la pauvre dame âgée se rabaissa. Puis soudainement, le type se servit sur tout le stand en passant la main sur la table et balayant tout dans un grand sac. Quoi ? Tu fonçais sur le type pour l’arrêter et il répliquait en te donnant un sale coup de poing dans le ventre. Plié en deux, tu entendis Colette hurler au type de te laisser.

"- Non arrête ça Conny !"

Elle le connaissait ? C’était aussi la première fois que tu voyais Colette se réveiller en prenant ta défense, se mettant entre toi et ce Conny. L’homme semblait avoir un différent avec la vieille mais lequel ?

- Hurf… Vous êtes qui ? Ne faites pas de mal à Colette !
- Non. J’m’en fou. Tant qu'elle comprend mais visiblement elle insiste toujours autant cette imbécile !
- Quoi ? Mais de base, pourquoi vous faites ça ? Qu’est-ce que ça vous apporte de voler une pauvre dame qui vend des fruits ?
- Mais c’est que j’l’ai pas sonné le bridé dites-donc…
- Oh si vous m’avez sonné je ne vais pas vous laissez filer comme ça !"

Cependant, Colette ne voulait pas que tu interviennes plus. Elle voulait encore une fois s’écraser et laisser passer cet incident. Mais pourquoi ? Cette fois-ci, cela avait tourné à l’altercation ! Tu pris les devant et te positionna entre Colette et le gars. Tu demandais aussi la façon d’où Colette le connaissait et… Bingo ?

La vieille dame expliqua qu’il s’agissait de son petit-fils… Et pourquoi faisait-il cela ? Apparemment, il voulait forcer Colette à arrêter de se torturer l’âme en essayant de vendre ses fruits qui étaient plus volés que vendus. C’était une méthode clairement brutale et non pas la meilleure… Tu ne pouvais pas laisser passer ça, quand bien même il s’agissait de son petit-fils qui voulait agir “pour le bien” de Colette.

"- Que cette vieille carne comprenne ! Regarde-moi, je suis passé du petit-fils de cette victime à un grand entrepreneur plein aux as car j’ai décidé de sortir de mes cases !"

Tu comprenais en partie le fond du problème, mais ce n’était pas la bonne solution que de forcer la main à Colette. Tu attrapa par le col le Conny pour lui expliquer clairement, qu’en ayant passé seulement quelques heures avec elle, tu avais pu voir toute la tristesse en elle et que contrairement à son merdeux de petit-fils, il savait que si Colette pouvait donner autant d’amour, elle, elle n’en recevait plus… Mais oui, c’était ça le problème ! Colette n’a plus de famille autour d’elle et s’accrocher ainsi au marché était juste un moyen pour elle de voir des gens ! C'était ça la clé !

Après un autre long monologue, tu parviens tant bien que mal à désamorcer le dialogue entre Conny et Colette. La vieille dame promit de faire enfin, et réellement, attention à partir de maintenant. Car oui, jusque là, elle faisait exprès de se faire voler pour attirer l’attention de son petit-fils pour l’attirer et le voir un peu… Même si c’était dans d’horribles conditions. Quand Conny ne forçait pas la main à sa grand-mère pour qu’elle quitte plus tôt le marché, il lui arrivait de lui acheter tout le stand d’un coup pour lui donner indirectement de l’argent.

A la fin du marché, lorsque tous les stands furent remballés, Colette et Conny avaient fait la paix. De ton côté, souriant et soulagé, tu reçus quelques invendus et encore un bon café de la part de Colette pour te remercier. Mais au fond de toi, juste savoir que cette vieille dame allait pouvoir s’en sortir et être encore plus souriante t’étais déjà une suffisante récompense...