I. Le chant des cigales.

Tu ne les dis pas souvent, mais tu as grandi à la campagne. Oh pas le typique village reclus au fin fond des contrés nippone, mais tout de même bien plus modeste que les villes et surtout les métropoles. L'endroit était plutôt urbain pour ce que c'était, mais tout de même entouré de vastes forêts et d'anciens temples shinto - avec de très rares toujours en activités. Tu as vécu là-bas jusqu'à tes 9 ans, et tu en as toujours des bons souvenirs. Il n'est pas rare que parfois tu y retournais par pure nostalgie - ainsi que revoir de vieilles connaissances ou de la famille.

C'est plutôt classique et cliché... Mais tu te souviens de ses chaudes journées d'été, posé sur l'Engawa menant au jardin, à manger des fruits ou des glaces avec ta famille (principalement avec ton petit frère, mais parfois aussi avec votre grand-mère). Tu te rappelles de ses diverses sorties à l'extérieur du village, en compagnie de tes amis d'enfance, pour tantôt pêcher au bord de la rivière, tantôt chasser les insectes, tantôt juste explorer et découvrir des endroits peu connus - voir inconnus. Est-ce que les jeunes font toujours ça de nos jours ou n'est-ce maintenant le passe-temps d'une ancienne époque ? Enfin... Tu te sais incapable de refaire tout ça maintenant. La ville t'a changé.

Le son des cigales te manque un peu.


II. Au-delà du terminus.

Prendre le tram ou le bus pour aller à la ville la plus proche était une habitude, c'était souvent l'histoire de quelques arrêts. Cela t'as fait bizarre à tes 9 ans, de ne pas t'arrêter à la station habituelle et de continuer ton voyage avec tes parents et ton frère. Tu avais observé machinalement les nouveaux paysages qui s'offraient à toi... Jusqu'à atteindre pour la première fois le terminus. C'était si étrange de passer de la campagne à la métropole, mais tu y es facilement fait. Beaucoup de choses t'intéressaient dans la vie citadine, même si elle a beaucoup de défauts aussi. Mais tu appréciais la variété des grandes villes, tu appréciais le progrès constant. Certes, le calme et les grands espaces te manquent, mais tu te sais maintenant incapable de vivre sans les petits détails de la vie en métropole.

Tu as su te faire de nouveaux amis, te trouver de nouveaux hobbys, avoir de nouvelles habitudes de vie parmi les buildings. Tu as eu des disputes sur des malentendus entre amis. Tu as eu des rires au karaoké, à la salle d'arcade ou juste sur le chemin de l'école. Tu as eu des moments de calme auprès de ta famille et des moments de nostalgies lorsque tes grands-parents - restés au village - vous rendait visite. Tu as eu des gênes avec les multiples crush durant les années scolaires. Tu as eu des moments de découvertes, avec d'excellentes notes en cours d'Art - dans une aisance pour le dessin et la peinture - et les bons moments passés avec le club Manga/Anime de ton Lycée.

Qu'importe de quel côté du terminus tu te trouves, les classqiues d'une vie à une autre seront toujours là. Mais tu apprécies ces moments clichés, car cela te rattache à une normalité et une manière de vivre que tu apprécies.


III. Les débuts de l'artiste.

Vu comment tu vivais tes passions, il faut dire que tes débuts se font presque fait tout seul. Tu avais déjà fais quelques petites histoires par-ci, par-là, avec tes amis de club - un délire entre amis uniquement en somme. Mais tu n'avais jamais vraiment pensé au début à essayer d'en faire ta carrière. C'est en allant pour la première fois au Comiket avec tes amis que tu as appris l'immensité (et surtout le potentiel) des Doujinshi.

Tant de talents amateurs, tant de possibilités. Après... De part ta nature pudique, tu étais assez gêné de l'ampleur érotique du domaine, mais tu savais évidemment qu'il n'y avait pas que ça. Tu voyais des œuvres épiques, dramatiques, romantiques, etc. Bref, il y avait de tout, et tu étais encore plus curieux en apprenant que certains grands noms sont nés dans ce domaine ou même que certains s'y mêlent pour échapper à la pression de leur propre publication. Cet univers t'a rendu extrêmement curieux. Tu as voulu t'y essayer, même si tu t'y attendais à pas grand chose. Cela a commencé doucement - avec des valeurs sûres - des Fanzines de séries populaires.

Puis c'est en voyant que ton style de dessin plaisait, que tu as osé un peu plus. À partir sur des séries plus niche ou même sur du contenu original. C'était un simple passe-temps de base, voir un gagne-pain d'été alors que tu continuais tes études à côté. Mais plus tu continuais, plus tu pouvais t'y voir un avenir dedans. Tu n'avais pas la prétention de vouloir te faire un nom dans le milieu, mais pouvoir y gagner ta vie ne serait pas si mal...

Mais pour l'instant tu n'es pas qu'un jeune adulte qui est devenu un visage familier dans les conventions. Une présence posée qui dessine à chaque instant, des rêves pleins la tête.  


IV. Deux esprits pour une œuvre.

Malgré la grande qualité de tes dessins, tu savais très bien ton plus grand défaut de tes œuvres : l'histoire, les intrigues, bref le scénario quoi. Cela n'a jamais été ton point fort, avec ta vie plutôt banale et ton manque d'imagination... Autant dire que tu faisais toujours des récits lambdas, du classique de classique. À tes 21 ans, tu étais devenu assistant pour une Mangaka qui se faisait un petit nom dans le milieu - vous êtes devenus bons amis depuis d'ailleurs. Et tu as passé une poignée d'années ainsi, travaillant sur des publications qui ne te concernaient pas, voyant tes propres projets se faire rejeter. Oh, il n'y avait rien de triste ou de déprimant à ça, après tout, tu connaissais tes défauts.

Mais cela changea du tout au tout, lorsque tu fis la rencontre de Haruki Ikari. Quelqu'un d'un poil plus jeune que toi, travaillant dans la même maison d'édition sous une autre équipe. Rien de particulier, hormis qu'il avait le soucis contraire au tiens : ses récits vendaient du rêve, mais ses traits de dessin laissaient à désirer. C'était trop beau pour être vrai, non ? Un véritable cliché - comme la majorité de ta vie, mais cela te convient de vivre ainsi. C'est sur cette coïncidence que vous avez appris à vous connaître, à parler de vos expériences dans le domaine, de vos tollés en terme de projet. Et enfin, vous décidez à essayer un projet à deux. Et cette fois-ci...  C'était la bonne.

C'était la possibilité de mettre votre projet sur de véritables planches, c'était la possibilité de les faire publier dans un magazine. Vous alliez peut-être pouvoir faire votre premier manga en tant que professionnel. Tu étais heureux.


V. L'encre du présent.

Tu as maintenant 29 ans et cela fait bientôt 5 ans que tu formes un duo avec Haruki. Vous devenus d'extrêmes bons amis, si ce n'est peut-être meilleurs amis. Il faut dire que vous vous complétiez bien en général, que ce soit par vos talents que par vos personnalités. Tu étais plus calme et modeste, alors que ton ami est dynamique et fier. Il fallait bien l'un pour compenser l'autre, bien que cela a évidemment parfois causé quelques discordes. Mais jamais rien de grave pour entacher votre travail ou votre amitié. Tu te complais à dessiner ce que tu souhaites, mais aussi tu es souvent fasciné par les histoires que fait Haruki.

Avec le temps, vous avez pu faire plusieurs One-Shot, ainsi que des séries courtes de 2 à 3 tomes. Mais ce n'est que très récemment que vous avez pu vous lancer dans une véritable série, une longue, celle qui pourra peut-être faire monter votre carrière à vous deux, et vous faire monter dans la cour des grands. Mais bon... Ca s'était avant que tu ne reçoives une certaine notification sur ton portable.

Celle pour un nouveau jeu Pokémon. Évidemment que tu as connu Pokémon en étant plus jeune, et tu avais joué machinalement aux jeux - mais sans pour autant être bon ou même de les suivre religieusement les sorties. Tu les avais fais au feeling et quand tu avais le temps à chaque époque, mais sans plus. Haruki t'avais offert Épée & Bouclier pour le précédent Noël, donc tu y as évidemment joué quand tu le pouvais.

D'ailleurs, ce dernier avait aussi reçu la notification pour MAZE. Vous ne saviez pas trop quoi y penser, est-ce que vous pouviez vraiment vous le permettre avec votre nouveau manga ? Tu étais plutôt sceptique, tandis que Haruki, toujours aussi confiant, t'avais rassuré en disant que vous pouviez bien essayer, et qu'au pire, si vous n'aviez vraiment pas le temps, vous auriez qu'à juste désinstaller le jeu. C'était simple sur le papier...

... Sauf quand le papier ne prend pas en compte que vous finissiez dans le jeu lui-même. Tu es quelqu'un avec un sacré flegme de base, donc tu avais réagis... Plutôt calmement, trop calmement même. Tu n'avais pas flanché devant le nouvel environnement, ni même devant les règles des lieux et encore moins le choix du Pokémon. C'était fait presque machinalement.

L'unique inquiétude que tu avais... Était que tu étais seul. Haruki n'était pas avec toi, alors qu'il avait aussi téléchargé le jeu. Est-ce que tu étais le seul de vous deux dans cette situation ? Ou bien, ton ami était dans la même situation que toi, mais... ailleurs ?

Tu ne sais pas si tu dois chercher ton ami...
... Ou chercher la sortie de ce jeu.

Ta vie est toujours aussi clichée on dirait...
On dirait le début d'une intrigue à la SAO.

... Erf.